100 ans : tout ce que tu apprendras dans la vie

En refermant le livre, avec émotion, il reste des images d’arbres, branchages noirs et blancs ou feuillus et colorés, des images de personnages autour d’une table ou suspendus dans le blanc de la page ; il reste une musique, celle de la confiture de mûres, la voix de l’auteure qui s’adresse à l’oreille de chacun ; il reste un fort désir de le relire, de reprendre texte et images pour s’en imprégner…

Car telles sont les caractéristiques de ce livre : parler à chaque lecteur par l’usage du « tu » (interpellation directe généralement au présent) et stimuler sa curiosité par un foisonnement de détails où, tour à tour, sont évoqués le minuscule – cette chenille au creux de la main – ou l’immense – l’étendue de la mer, vide après un deuil, ou celle de la voie lactée observée en famille. 

Dans ce livre d’heures profane, chaque étape instruit, évoque, conseille et pourquoi pas console. Chaque page évoque un âge de 0 à 100 ans et un arrêt sur image permet d’ouvrir une réflexion, une sensation, un souvenir, une crainte, un espoir. Des phrases brèves, en capitales d’imprimerie, fines, tremblées entrent en résonance avec l’illustration parfois limpide, parfois ironique ou subtilement lyrique. L’étape inaugurale lance le ton et l’aventure : un couple, enlacé, de dos, surplombe un landau.

« 0 / TU SOURIS, POUR LA PREMIÈRE FOIS DE TA VIE. / ET LES AUTRES TE RENVOIENT TON SOURIRE. »

Tout est dit : l’émerveillement de la naissance ; la tendresse ; le sourire comme lien et donc le fil ténu de l’attachement.

C’est sur ce terreau que se développe le livre avec joie et même malice. Deux superbes jeunes gens s’ébattent sous la douche ; des vêtements jetés sur le carrelage disent le désir et le jeu : « 24 [ans] / TU N’AS ENCORE JAMAIS ÉTÉ AUSSI PROCHE DE QUICONQUE ».

Tous les âges de la vie sont ainsi illustrés, depuis les découvertes de l’enfance jusqu'aux griffures de la vie. « 7 ¼ / MAIS TU APPRENDS AUSSI A T’ENNUYER » : devant une fenêtre où tombe la pluie, les jeux nombreux délaissés ne remplissent pas le vide intérieur. L’amour, la vie, l’absence, le deuil, la vieillesse, la mort, kaléidoscope d’événements intimes et universels, trouvent leur place dans ce livre et toutes les pages suscitent  un retour sur soi, un échange pour ceux qui les liront avec des parents, grands-parents, amis… Un livre de Heike Faller et Valerio Vidali qui relie, charme, transporte. MAGISTRAL.