La sorcière oubliée

Bea pourrait être une jeune fille comme les autres, amoureuse du beau skateur Lars. Mais elle découvre qu'elle est aussi une sorcière très puissante et qu'elle doit protéger, à travers les mondes qui se chevauchent, ses semblables contre les membres de la Chasse, des puissants sans scrupules. Bea met un moment à accepter son identité, puis son destin. Elle refuse de quitter ses parents mais ils sont bientôt kidnappés. Elle-même doit fuir précipitamment ses nouveaux amis. Lars se présente alors comme son allié, et elle va vivre avec lui quelques années dans les bois, sous prétexte de s'entraîner à récupérer les esprits des sorciers afin d'empêcher la Chasse de le faire à des fins néfastes. Mais Bea finit par comprendre qu'elle est sous l'emprise d'un être malfaisant. Elle s'enfuit, rejoint ses proches dont son père qui a révélé sa nature de sorcier. La fin un peu abrupte, ouverte, sonne l'espoir des générations nouvelles porteuses d'innocence.

Comme d'habitude, Melvin Burgess ne choisit pas la facilité. Il ne choisit même pas le réalisme cru et choquant de certains de ses romans, mais le surnaturel aujourd'hui à la mode, sur fond de suspense et de poursuite. Il y a donc des jolies trouvailles plaisantes de l'univers de la sorcellerie (les maisons pittoresques, les mondes parallèles, les gris-gris protecteurs) mais aussi beaucoup d'âpreté et des éléments embarrassants propres à nous faire réfléchir. La dépendance sexuelle de Bea envers Lars, la manipulation des esprits comme dans une secte... tout cela sonne de façon actuelle, sociale et c'est bien l'objectif. L'adolescence aussi, encore chez Burgess, est dite dans son malaise et sa colère. Jamais simple mais toujours captivant, perturbant et percutant, La sorcière oubliée est un des derniers ouvrages de l'auteur qui m'aura le plus interpellée et séduite.