Où va le chat ?

On connaissait le Chat bien tranquille de Michael Foreman ou le chat du quartier de Masako Izawa. Tous sont marqués par une indépendance d’esprit qui les amène à vivre leur vie en toute liberté avec un air innocent, à l’insu de leurs maîtres. Le chat de Lisa ne renie pas cette tradition : le regard direct et la queue dressée, il invite le lecteur-spectateur à le suivre avec une certaine effronterie. C’est d’ailleurs par sa voix que nous allons le suivre. Les personnages qu’il rencontre sont à son service (« la jeune fille qui me tient dans ses bras (…) c’est Lisa ») et il a une assez haute opinion de lui-même : « je suis un chat très occupé, moi ! ». Et il va nous le prouver…

Il ne parcourt pas la ville, mais un immeuble qu’il connaît par cœur puisqu’il a ses « rendez-vous ». Le récit est fondé sur la présentation de son agenda : chaque jour, une rencontre différente est prévue dans un appartement que nous visitons en sa compagnie. Un écrivain le lundi, une jardinière le mardi, une mamy cuisinière le mercredi… Chacun des personnages est d’autant plus sympathique qu’il contribue au bien-être du chat : la cuisinière le nourrit (bien), l’artiste tire son portrait, les musiciens jouent pour lui. Quant à Amélie, la jeune femme a pour principal intérêt d’avoir une jolie petite chatte, Capucine.

C’est donc la vie facile, espiègle et mutine que Léa Decan peint avec lumière et gaieté. Une belle palette, des personnages bien campés dans leurs activités, en variant les angles de vue ; un chat drôle qui aime les bras, les feuilles de papier sur lesquelles on écrit, les rambardes sur lesquelles il aime marcher... il est criant de vérité ! Un album joyeux aux qualités plastiques indéniables.