La promenade

Il semble bien fier ce petit chien qui franchit la porte. Avec son petit manteau écossais, sous le regard de ses copains un peu tristes – envieux peut-être ? –, l’oreille vibrante, il a vraiment l’air conquérant. La page de garde avertit le lecteur. On retrouve le petit chien, il s’exprime ainsi : « Tu sais ce qui m’est arrivé l’autre jour... ? ». Nous allons donc connaître la suite de l’image inaugurale et nous attendons une histoire « extraordinaire »…

Le lecteur est saisi par la vivacité des dialogues canins, les chiens tous spécifiés par leur taille, leurs allures, tous jaloux de Cookie « qui va au parc », répètent à l’envi qu’il a de la chance. L’illustration contribue à la joie générale : les lignes nettes, les couleurs acidulées, franches créent un décor dynamique au vrai chic anglais. Tout participe au triomphe de Cookie jusqu’au moment où, un détail, une remarque un peu désobligeante (on l’appelle « nigaud ») sèment le doute. Peu à peu, Cookie déchante : oui, il est  bien le seul concerné mais ce régime d’exception n’a rien de glorieux puisqu’on retrouve notre héros chez le vétérinaire, au milieu de congénères tous plus dépités les uns que les autres.

La construction très rigoureuse du récit en deux phases (illusion/désillusion) vues à hauteur d’animal, presque sans intervention humaine ; les caractères des animaux traités comme des personnages, animés par les mêmes émotions, positives ou non ; les dialogues ; l’illustration d’Arnaud Boutin, riche en détails et qui croque des chiens un peu caricaturaux très drôles : tout ceci crée une histoire pleine d’humour qui ravira les jeunes lecteurs pris entre compassion et moquerie.

Un style incisif, un récit à la première personne offrent aux jeunes lecteurs une originalité certaine et joyeuse dans ce héros capable d’autodérision et qu’on a de envie consoler malgré tout.