Allumette et le gros caillou

Allumette, l’héroïne, doit son surnom à la rousseur flamboyante de sa chevelure. Accompagnée de son chat Patapouf, elle nous raconte une aventure qui lui est arrivée.

Un jour, alors qu'elle est assise sur un gros rocher, celui-ci se met soudainement à bâiller. Cette petite sœur d’Alice montre un étonnement poli lorsque le gros caillou s’adresse à elle. Le dialogue qui s’engage entre eux est savoureux parce que le caillou lance la conversation ; conversation que la fillette poursuit comme elle peut face à un caillou très ignorant : évidemment, dormir depuis cent mille ans ne permet pas d’être au courant des évolutions du monde et lui donne des excuses quant à ses oublis.

À partir de cette situation, Catherine Valckx réinvente une sorte de conte de randonnée puisqu’Allumette va faire partager cette rencontre à tous ceux qui l’entourent, un petit nuage familier, sa tortue, son chat. À eux tous, ils s’inventent une communauté paisible qui s’achève dans le calme d’une nuit d’été.

Le crayon de l’auteure-illustratrice donne vie aux personnages selon le caractère de chacun. La gentillesse d’Allumette se voit lorsqu’elle attrape des cerises pour faire connaître cela au vieux rocher. L’anthropomorphisme du petit nuage, du gros caillou a quelque chose de tendre et d’amical. La tortue gourmande qui se vexe est bien touchante également. L’histoire toute simple d’une petite fille un peu solitaire qui donne vie à ce qui l’entoure pour passer le temps est à la fois banale et pleine de charme. Les couleurs, le gris-bleu dominant, le cadre et le décor hors du temps confèrent au récit une atmosphère joyeuse qui ne se prend pas au sérieux, entre rêve et réalité, dans cet entre-deux où vivent les enfants qui s’inventent une compagnie, en harmonie avec le rythme du monde, jusqu’au creux de la nuit.