C'est à moi !

Passer de la possession à la coopération, est-ce si simple ? Un castor, reconnaissable à ses deux petites incisives bien visibles et à sa queue en battoir, peine. Il s’accroche à un tronc d’arbre. Le titre « C’est à moi ! » identifie le problème.

La narration commence par une déclaration de Fiber, le castor. Il s’ennuie, il voudrait un ami. Miracle, un autre castor surgit, bien occupé sur un tas de bois. Est-ce l’ami espéré ? Fiber demande naïvement « tu veux jouer ? ». NON, telle est la réponse. On est séduit par la simplicité et la bonhomie de Fiber ainsi que par le naturel de la situation. Les visages des castors sont saisissants de « vérité ». Les petits yeux miment la sincérité, la mauvaise humeur, la déception, le découragement et les jeunes lecteurs compatiront sincèrement avec la tristesse du héros malheureux.

La narration se poursuit et Adeline Ruel, avec habileté, trouve une fin astucieuse qui permet le passage de « c’est à moi » à « c’est à NOUS ! ». Après les visages sombres, le sourire radieux qu’ils arborent sert de morale au récit, même si la dernière page laisse planer un doute. Avec une grande simplicité de moyens, texte et images construisent une fable drôle et fondamentale sur l’amitié et l’individualisme, la vie sociale, les plaisirs et déplaisirs d’être ensemble… thématiques essentielles et joyeusement présentées dans cette micro-comédie !