A quoi rêvent les étoiles

En quatre cents pages remplies d’émotions à ras bord, Manon Fargetton met à l’épreuve la « théorie des degrés de séparation », censée déterminer le nombre de personnes nécessaires à la mise en relation de deux parfaits inconnus. Le lecteur suit donc le jeune Titouan cloîtré dans sa chambre, la douce Luce qui attend la mort, Alix et son père trop fusionnel, Gabrielle l’indépendante. Ils ont tous les âges de la vie, leurs difficultés sont évidentes ou secrètes, et rien ne les relie si ce n’est le fait d’habiter en Bretagne. Il va suffire d’un jeu vidéo en ligne et d’un numéro de téléphone réattribué pour que leurs existences s’entrelacent peu à peu. Et le miracle aura bien lieu : de fil en aiguille, de pleurs en défis, leurs douleurs profondes vont se patiner.

Le narrateur n’est pas anonyme (chute à la dernière page), mais au moins omniscient. Il suit les psychologies de chacun des personnages dans de courts chapitres, depuis les questionnements adolescents aux envies de disparaître de la plus âgée, Luce. L’autrice est comme toujours subtile, creusant toutefois profondément le sillon du mal-être, souvent inavoué. Et puis il y a cette ronde qui se met en branle, activée par la technologie certes, mais entretenue par l’humain. Evidemment, les coïncidences finissent par devenir invraisemblables, mais l’histoire est si belle… Un roman-porcelaine.