Les migrateurs

Jolie et Jojo vivent des jours incertains auprès de leur colonie d’oies. Des oiseaux de malheur envahissent la région, menaçant la sécurité des habitants. La migration forcée s’organise avec l’aide d’outrepasseurs-vautours. Ces derniers demandent un prix si élevé que les parents des oisons décident de placer prioritairement Jolie et Jojo à l’abri du conflit et prennent le risque de rester sur place et de se cacher. Les deux amis s’envolent le cœur lourd, conscients de l’énormité du sacrifice. Lorsqu’une tempête de neige disperse le groupe d’oiseaux-migrants que les outrepasseurs abandonnent sans pitié, Jolie et Jojo sont séparés. À bout de forces, Jojo se dirige vers le sud. Il parvient à trouver refuge auprès d’accueillants flamants roses qui lui offrent un toit et de la nourriture ; en contrepartie, l’oison leur construira de beaux nids. Jojo retrouve peu à peu la joie de vivre.

Métaphore du drame de la migration humaine, l’album illustre les réalités terribles que traversent les personnes migrantes : la fuite nécessaire devant le danger, la séparation déchirante des familles ou encore le camp d’accueil de réfugiés débordé par le nombre des rescapés. Le choix de la migration aviaire pour évoquer l’exode des humains est intéressante car elle soulève un paradoxe. Alors que le mouvement des oiseaux est considéré comme naturel, profondément ancré dans les besoins des espèces, la migration humaine divise les opinions. Pourtant, depuis toujours, l’Homme s’est déplacé au gré des nécessités : pour trouver de quoi se nourrir, pour se protéger de dangers tels qu’une guerre ou un climat trop hostile, ou par manque de possibilités ; ceci afin de survivre, un besoin essentiel de toute espèce, qu’elle soit humaine ou animale.

Une lecture importante qui ouvre à des valeurs humaines comme l’accueil, l’ouverture, la générosité, et ce à hauteur d’enfant.