Si tu vois le Wendigo

Années 1950, Etats-Unis. Le jeune David vit une enfance typique du petit Américain moyen de l’après-guerre. Mais le sensible garçon qui adore écrire des histoires sait bien que les portes des maisons gardent des secrets d’adultes souvent inavouables. Il se prend d’affection pour sa voisine Ruth, jolie femme battue par son mari endetté auprès de la mafia. Il passe du temps chez elle, lui sauve la mise plusieurs fois. Cependant, lorsque le secret est trop dur, David va se confier au wendigo de la forêt voisine. Espèce de créature à cornes qui hante les rumeurs, le wendigo peut exaucer les vœux, par l’intermédiaire d’un drôle de lapin traducteur… Rêve ou réalité, la vie de Ruth va brusquement changer. Quant à David, il continuera de grandir et d’écrire.

Ce pourrait être un roman à suspense raconté par un enfant. La touche fantastique, à laquelle on croit très vite, le propulse dans une catégorie un peu absurde. En effet, le wendigo est censé faire peur, mais la proximité de ce lapin de dessin animé le rend juste étrange. Et si David avait tout inventé ? Mais non, car d’autres protagonistes connaissent cette créature nocturne. On pourrait dire la même chose du méchant qui parle avec des citations de films : existe-t-il ? Le fait que Ruth le voit et l’entend tend à prouver malgré tout que oui…

Au-delà de ce jeu de miroir entre les écrits de David et son été de pré-adolescent, le roman reflète encore une époque de prospérité qui cachait bien son spleen : le narrateur est un adulte qui prend le temps de dévoiler l’avenir des propriétaires de ces petits pavillons proprets, à commencer par sa propre famille. Et comme le wendigo cruel, ce n’est pas joli joli. Un roman très captivant.