La vieille ourse

« Ourse a faim, une très grande faim. » Pour se nourrir, elle doit s’approcher de la rivière. Soudain, elle sent une présence dans les bouleaux : le petit garçon du bûcheron l’épie à travers les branches. Après quelques secondes d’une intense observation mutuelle, Sven offre son goûter à l’ourse affamée. Pomme et pain seront si rapidement dévorés que l’enfant décide de chercher davantage de nourriture pour sa nouvelle amie et revient avec une carriole chargée de poissons. Mais le bûcheron a suivi son fils avec un fusil, son inquiétude initiale amplifiée par la découverte de la stature massive d’une ourse aux côtés de son enfant. Heureusement, le bûcheron sait reconnaître l’amitié naissante entre Sven et son étonnante compagne et « veille sur son enfant et ses amis, quels qu’ils soient. »

La vieille ourse propose l’histoire d’un touchant apprivoisement mutuel : l’ourse s’ouvrant à la bonté du garçon et Sven faisant confiance à l’intimidant animal sauvage, une relation qui n’est pas sans rappeler celle entre le renard et le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Toutefois, l’autrice relate ici une amitié plus instinctive, une immédiateté qui se retrouve dans l’acceptation totale de l’ourse par le bûcheron. Dans cet album d’une belle simplicité, écrit d’une voix accessible au jeune public, le respect du monde animal se comprend de manière plus globale, distillant un message d’ouverture envers chaque être.

Une place importante est octroyée aux illustrations, qui colorent l’album d’une magnifique forêt de pins et de bouleaux derrière lesquels une vieille ourse et un jeune garçon se cacheront avant d’oser aller à la découverte l’une de l’autre. Des paysages à la beauté sauvage à la courtepointe colorée en passant par la cabane en bois, les images évoquent le Grand Nord canadien : une évasion bienvenue et joliment dépeinte.