Bearmouth

Dans la sinistre et gigantesque mine de charbon Gueule d’Ours, les homme ne remontent jamais à l’air libre : trop loin, et trop cher sur la paye. Ils préfèrent le jour de la bière pour tout oublier. Protégé par le sensible Thomas, Crapouille vit son enfance entre remorquage de wagonnets et leçons d’écriture laborieuses.

Arrive Desmond, avec ses idées nouvelles qu’il cache par nécessité. D’abord inquiet, Crapouille se rapproche de lui. Le temps passe, les hommes meurent de fatigue ou d’accident, la politique du Maître se durcit. Un chant de travail promet un « signe » du Seigneur destiné à libérer les travailleurs : arrivera-t-il bientôt ?

Ecrit en « je » par un Crapouille en apprentissage, le roman se déchiffre de faute d’orthographe en transcription phonétique. Il en devient involontairement puissant, avec par exemple ce Seigneur transformé en « Saigneur »… D’ailleurs, tout est symbolique dans le roman, depuis la construction en étages de la mine jusqu’à la constitution d’équipes solidaires en leur sein.

Deux grands axes traversent l’intrigue sombre : un sur l’identité de Crapouille et ses liens délicats avec ses « proches », et un sur la construction houleuse d’une révolution quand la religion asservit l’homme. Enfin, le dernier tiers de l’histoire nous emporte littéralement, l’aventure et la survie au coin de chaque page.

Dans la veine d’un Patrick Ness, d’un Neil Gaiman ou d’un Melvin Burgess, Bearmouth sera sans doute un des meilleurs romans de l’année.