Sorry

Bianca vit avec son petit frère malade du cœur et sa mère. Elle souffre du manque d’attention de cette dernière et se comporte de manière soi-disant « ingérable », même auprès de son père et sa nouvelle femme. En vrai, Bianca s’interdit la spontanéité, préférant se réfugier dans un petit recoin derrière la maison.

Un après-midi d’été, un ami du petit frère vient à la maison. Il est accompagné de sa mère, héroïne d’un soap télévisé qui fascine Bianca. D’abord méfiante, la jeune fille s’apprivoise, compare l’actrice à sa propre famille… Le petit frère fait un malaise, l’après-midi touche à sa fin. Et la vie continue, immuable et changeante tout à la fois.

L’écriture de Bart Moeyaert est aussi limpide qu’exigeante. La moindre des émotions de la narratrice Bianca passe par la suggestion, dans un geste, un adjectif, une hésitation. Nous aurons volontiers l’impression qu’il ne s’est rien passé cet après-midi estival, et pourtant Bianca – qui aime qu’on l’appelle « Perdon », pardon – ne sera plus la même. Comment cette plongée vers l’autonomie s’est-elle opérée ? Est-ce par le modèle souriant, tolérant de l’actrice rencontrée ? Parce que le poulailler-refuge est démoli ? Parce que le petit frère a fait un malaise de trop ? Un peu de tout cela à la fois, semble nous dire l’auteur. Troublant et puissamment vraisemblable.