La colonie de vacances

La douceur de l’été est enfin là. Les vacances s’organisent : Louise, Marco, Nina, Ali et Jeanne partent en colonie dans la montagne. Au moment du départ en car, tout un éventail émotionnel se déploie : pour les uns, c’est la joie de l’aventure et les retrouvailles avec leurs amis ; pour les autres, c’est la tristesse de la séparation et la crainte face à l’inconnu. La jeune Louise quitte ses parents pour la première fois et se sent peu rassurée. Heureusement, lorsqu’elle découvre le sympathique chalet qui semble l’accueillir avec le sourire, ses peurs se dissipent. D’ailleurs, le premier rassemblement débute : les enfants se répartissent dans les différents groupes aux noms rigolos : les Sapins, les Coquelicots ou encore les Pommes de Pin. Les journées se déroulent dans une ambiance joyeuse : fabrication de costumes, olympiades, randonnée, piscine ; les activités s’enchaînent, saupoudrées d’amourettes naissantes et de corvées de vaisselle. Décidément, ce sont de bien jolies colonies de vacances.

La participation à un camp, une activité associée au partage et à l’émancipation, rythmée de petites peines et de grandes découvertes vécues loin de la famille, représente une étape importante dans la vie d’un enfant : un rite de passage que l’auteure-illustratrice fribourgeoise Fanny Dreyer explore avec finesse et tendresse. Petits et grands se reconnaîtront dans les éléments si caractéristiques de la vie en collectivité que l’auteure dissémine au travers de son œuvre: l’enfant qui ne change pas de chaussettes de toute la durée du camp, la dégustation de raviolis en boîte, la corvée de pelage de pommes de terre, l’expédition nocturne pour voler du chocolat au garde-manger, les moniteurs qui se trompent d’itinéraire durant la randonnée, les bricolages et la construction de barrages à la rivière sans oublier la boum finale, accompagnée de son lot d’émotions.

Mélangeant feutres de couleur, crayon gras et peinture, les illustrations, généreuses et délicates, rehaussent l’écrit dans des tons joyeux, plongeant le lecteur au milieu d’un splendide paysage montagneux suisse, une appartenance que l’illustratrice relève encore dans les friandises envoyées par les familles : Ragusa et Biberli réconforteront les cœurs des petits vacanciers. La mise en page juxtapose les pages aérées, parsemées d’éléments librement espacés, à des pans denses et abondamment illustrés ; une alternance que l’on retrouve dans le jeu des couleurs qui contrastent avec de larges bandes blanches : Fanny Dreyer apporte à son récit un profond souffle de vie, partagé entre l’intensité communautaire et la contemplation solitaire.

Un immense coup de cœur pour ce sublime album au goût de pain perdu et d’amitié !