Ils ont volé nos ombres

Née d’un père irlandais (mort à la guerre) et d’une mère aborigène, Bagaa a grandi dans le bush australien. A 11 ans, cette jeune fille métisse perd l’unique parent qui lui reste. Elle se retrouve donc seule pour survivre dans un milieu hostile, peuplé d’espèces mortelles et d’hommes blancs malveillants. N’écoutant que son instinct, Bagaa part en direction du nord, parcourt des kilomètres à pied. En chemin, elle croise une femelle dingo qui l’adopte et Wan, un homme d’une tribu de géants persuadé que la jeune fille incarne « le témoin », celle qu’il recherche depuis longtemps…

C’est une véritable plongée dans la culture aborigène australienne Yamaji que nous propose Jean-François Chabas à travers l’histoire de son héroïne Bagaa, une jeune fille étonnante, courageuse et lucide. Le danger est partout, la mort rôde souvent autour d’elle, sans que ce soit un véritable problème. On la sent quelque part prête à rejoindre sa mère. Mais la vie en décide autrement, lui offrant la compagnie d’une chienne dotée d’un sixième sens, l’avertissant des dangers. La fin se termine sur une note tragique : être « le témoin » n’est pas exactement ce qu’avait imaginé cette jeune fille orpheline en quête d’amour et de réconfort.

Un excellent roman très bien écrit et documenté que l’on peut lire comme un récit de voyage ou un vibrant hommage aux peuples aborigènes persécutés par les colonisateurs blancs. Le racisme envers les aborigènes fait aujourd’hui encore partie des problèmes majeurs en Australie.