Je ne m'appelle pas Alfred !

Alfred est un petit garçon comme un autre. Il n’aime pas se lever le matin et a une chambre très désordonnée. Désordonnée ? Peut-être pas. Habitée plutôt, puisqu’il y a des animaux préhistoriques, un château fort, une fusée, des doudous, des instruments de musique et autres jeux de dames… et d’ailleurs Alfred ne s’appelle pas Alfred. C’est ce qu’il pense dans une bulle de la scène inaugurale, au moment où on vient le réveiller. Il le prouve page suivante puisque Billy la Terreur est recherché dans un décor de Far West. Scène suivante, le petit garçon s’est levé. Habillé devant la porte, il va partir à l’école, une voix l’interpelle, « tu es prêt, Alfred ? » et la même bulle « je ne m’appelle pas Alfred » apparaît. La preuve suit, il est Jacques Pilot, grand alpiniste et part en expédition.

On comprend le principe, Alfred s’invente des personnages et des aventures. À chaque fois qu’on veut le ramener au réel, à la maison, à l’école, à la piscine, il s’échappe dans une histoire extraordinaire où ses talents se révèlent. Dans le monde sous-marin, Alfred/capitaine Omar Zoumarin peut sauver son oncle Georges… Chaque invention est liée à la « vraie » vie du petit garçon. Au moment de passer à table, il invente une table de poker et au moment de se coucher, il est chevalier intergalactique jusqu’au bisou final, parce que même les super-héros ont besoin de tendresse. L’album de Ben Manley et Aurélie Guillerey n’en manque pas. On est heureux d’imaginer avec Alfred toutes les vies qu’il vit et qui sont offertes en exemple au jeune lecteur ou à la jeune lectrice. Le rythme soutenu, les alternances bien construites, le personnage bien cerné et bien entouré, les illustrations dynamiques et colorées, le style simple et accessible, tout concourt à louer l’imagination comme moteur important pour grandir et oser affronter le monde. Un album chaleureux, à lire avec plaisir.