Sangliers

Lilly est une jeune haie légèrement teintée de cochon. Ce métissage lui offre l’ADN de la mémoire, du souvenir, mais lui vaudra aussi la défiance de ses pairs le jour où sa queue tire-bouchonnera. Sous la houlette de La Gonfle, chef des Longs Poils Bruns, la vie se durcit dans la forêt et tous ceux qui ne rentrent pas dans la norme sont parqués dans des camps. Lilly s’enfuit avec sa mère Crin-Crin et son ami le cochon Magique. Ils se réfugient chez les Longs Bois et vivent un âge d’or au service d’un cerf riche et célèbre pour son brame. Mais La Gonfle finit par étendre son influence et la sanglochonne reprend le combat contre les inégalités.

Dans un monde forestier bien codifié, Pascal Ruter fait évoluer d’attachants personnages animaliers qui oscillent entre comportements propres à leur espèce et attitudes socialement humaines… Avec humour, il va même jusqu’à reprendre des anecdotes ou des bons mots de politiciens que les lecteurs français apprécieront ! Mais fi de plaisanteries, car il est ici question de manipulation des foules, de dictature et d’eugénisme organisé… Au-delà de l’arène politique, le point central de l’intrigue concerne la mémoire. Elle est représentée comme seule caractéristique engendrant d’une part le sentiment de finitude, et d’autre part celui de choix. Cela permet à l’auteur de développer une jolie quête de champs de myosotis, censés booster le cerveau des sangliers.

Une fable à mettre en lumière avec Les garennes de Watership Down de Richard Adams, ou La ferme des animaux de George Orwell.