La disparue

Lorsque Johann Furrer revient d’une mission dans les colonies françaises, il tombe amoureux de la jolie Inge, et alors que le chimiste doit repartir travailler quelques jours, tous deux se promettent de se retrouver ici, à l’Hôtel Suisse, à Paris. Las, lorsque Johann revient, Inge a disparu. Pire, personne ne se rappelle l’avoir jamais croisée, et c’est la santé mentale de Johann qui est mise en doute…

Or leur dernière soirée s’était conclue un peu hâtivement, car Inge ne se sentait pas bien, fiévreuse et courbatue.

Sur cette courte intrigue, Friedrich Glauser bâtit un récit plein de mystère, à la limite du fantastique. Il se lit d’une traite, avec intérêt, mais le regard revient sur l’illustration savante de Sabine Rufener, qui réinterprète le test de Rorschach dans quelques superbes et suggestives illustrations en miroir. Ces projections d’encre noire réalisées, semble-t-il, au pochoir, concrétisent le malaise ressenti à la lecture de cette étrange disparition et de ses conséquences pour Johann Furrer.

Une biographie succincte permet de situer Friedrich Glauser dans son temps, et cette contextualisation historique est indispensable pour comprendre entre autres le statut des femmes à cette époque. Une postface éclaire aussi le lecteur sur ses motivations, lui qui a subi tout au long de sa vie les tourments d’une fragilité psychique. Cependant, c’est le rapprochement avec le déclenchement de la pandémie de Covid-19 qui est à l’origine de la réédition de ce petit texte.