Et dans nos cœurs, un incendie

Dégoûtée par le comportement de sa mère et de son énième nouveau partenaire, Isadora est consumée par la rage. Tristan, de son côté, subit le dédain de son père, qui semble rebuté par sa passion pour la poésie. Tandis que la première veut réduire le monde en cendres, en commençant par les toilettes des garçons de son école, c’est justement l’endroit que choisit le deuxième pour mettre fin à ses jours et définitivement noyer son mal-être. Isadora le sauve alors et enclenche une mécanique inattendue…

À l’image de ses deux héros, le roman fait se côtoyer deux styles d’écriture très différents, reflets de leurs personnalités éclatantes : l’un est très fleuri et affecté, prenant des airs de vers poétiques, tandis que l’autre est mordant et ironique, souvent très drôle. Si les deux styles semblent d’abord inconciliables et le contraste quelque peu déboussolant, à mesure que les pages se tournent et que la romance entre Tristan et Isadora (aussi poignante que celle de leurs quasi-homonymes médiévaux Tristan et Iseult) avance, le mélange devient naturel, agréable et même parfois cocasse, dans le meilleur sens du terme. Le roman fourmille par ailleurs de références littéraires ou musicales très bien senties et la bande-son qui l’accompagne est fantastique. Si les relations avec les parents gagneraient à être un peu plus développées, celles entre les jeunes, ponctuées d’échanges plus ou moins cordiaux sur les réseaux sociaux, sonnent justes. Et celle se tissant entre le duo principal, même si rapide, arrive suffisamment à faire vibrer la corde sensible. Que les lecteurs peu friands de langage faisant trop dans l’esbroufe ne se laissent donc pas décourager, mais plutôt embraser par cette histoire d’amour entre deux adolescents si différents et pourtant si semblables dans leur sentiment d’être incompris et jugés trop vite.