La belle Jeanette

Éprise du vent marin qui lui fouette le visage, Lili adore accompagner son papa pêcheur sur son chalutier, « La belle Jeanette ». Un jour, l’équipage remonte une prise particulièrement lourde ; ce que les marins pensent être un thon gigantesque s’avère être... une sirène ! Pendant que les hommes débattent du sort à réserver à leur étonnante trouvaille (lui laisser sa liberté ou la livrer à la science ?), Lili s’occupe de soigner la jolie femme-poisson, blessée par les mailles coupantes des filets : ce premier geste sera le début d’une amitié étonnante. Le lien qui se tisse entre Lili et la sirène, baptisée Jeanette, sera essentiel à la suite de cette aventure. En effet, l’équipage décide que la découverte est trop importante pour ne pas la révéler : Jeanette sera donc étudiée sous toutes ses coutures par l’imminent océanographe, professeur Merlieux. Mais au fil des semaines, Lili remarque que la sirène dépérit loin de son océan. Accompagnée de ses amis et portée par la confiance que lui témoigne Jeanette, Lili mettra sur pied un plan de sauvetage digne des plus grands espions.

Proposant la voix de Lili comme guide, Rémi Courgeon nous fait vivre cette sympathique histoire au travers du regard d’une jeune fille sensible et courageuse. Dès sa première rencontre avec Jeanette, Lili perçoit que la sirène est bien plus qu’une curiosité. Perspicace, notre héroïne observera avec justesse l’affolement médiatique autour de Jeanette ainsi que l’attitude peu scrupuleuse du professeur Merlieux. La description des conséquences de la découverte de la sirène ne manque d’ailleurs pas d’humour : l’Eurovision aimerait que Jeanette représente la France au concours et une fabrique de boîtes de thon fait le buzz en nommant son produit en l’honneur de la sirène ! Ayant comme toile de fond les thèmes de liberté et d’amitié, le récit offre au lecteur l’opportunité de se questionner sur les droits de la science. Est-ce juste d’enfermer une espèce vivante en la coupant de son milieu naturel ? A-t-on réellement le besoin de tout comprendre, quitte à empiéter sur le bien-être d’autrui ? Quelles limites doit-on se poser ?

Donnant vie à ce chouette roman, les illustrations de Rozenn Brécard célèbrent les paysages maritimes de la Bretagne, dont l’esthétisme sauvage semble miroiter le cœur pur de Lili qui apprend qu’il faut parfois désobéir pour faire le bien. Toujours pourvue d’une magnifique jaquette dépliable qui fait office d’affiche, la collection « Le Grand Bain » propose décidément un très joli éventail de premiers romans pour les 8-9 ans.