Mes voisins

Une fillette vient de déménager dans un nouvel appartement, dans lequel elle a enfin une chambre rien qu’à elle. Alors qu’elle inspecte la pièce, une pensée lui traverse l’esprit : son plancher fait office de plafond pour le voisin d’en-dessous... comme son plafond à elle est le plancher de l’appartement du dessus ! La petite prend conscience de la présence des voisins tout autour d’elle. Que font-ils en ce moment ? À quoi ressemblent-ils ? Et si, en réalité, personne n’existait à part elle? Et si tout autour des murs de sa chambre, il n’y avait rien d’autre que le cosmos ? La fillette tombe dans un profond sommeil, voltigeant d’une question à une autre ; elle trouvera les premières réponses à son réveil.  

Concentré des méandres de l’imagination enfantine, l’album est une vraie merveille à parcourir. En observant l’emménagement de la fillette dans son nouveau foyer et ses interrogations, reflet autant de son imaginaire que de ses appréhensions, le lecteur est invité à apprivoiser l’inconnu en se montrant curieux. Réalisé à l’encre dans un dégradé noir-blanc au travers duquel pointent quelques détails significatifs peints en rouge (le doudou, la robe de l’héroïne ainsi que certains mots du texte), le travail illustratif s’octroie une place de choix, largement mérité puisqu’on ne peut que tomber sous le charme de sa poésie. Variant les plans, l’auteure-illustratrice nous fait passer de scènes plus larges dépeignant le quartier de la fillette, flanqué de beaux bâtiments aux fenêtres ornées, à son immeuble, représenté par des vues en coupe minutieuses. La réalité des voisins préoccupés par leurs tâches quotidiennes se confronte avec humour à la vision imaginée par la nouvelle occupante : et si, dans l’appartement en-dessous, c’était une tortue qui regardait la télévision et non une dame âgée ? Suivant le mouvement du ciel rougissant à l’aube, les couleurs éclosent timidement sur les pages alors que la fillette se prépare pour sa première journée dans une nouvelle école : pleine de promesse, une rencontre dans l’escalier invite le jaune à côtoyer le rouge. Un très beau coup de cœur !