D'ici jusqu'à là-bas

La couverture bleue et orange fluo est irrésistible, et dès les contreplats, le ton est donné : quand l’homme se lève, il se met à marcher. La décomposition de son mouvement est une invitation à le suivre. Quel est donc ce drôle de livre ?

On ouvre alors un incroyable album qui rejoint les rêves les plus fous de l’encyclopédisme d’autrefois et ceux des moteurs de recherche contemporains, et qui raconte, à partir du thème de la locomotion, l’histoire des hommes. Car dans l'ouvrage les deux sont intimement liés : l’homme qui marche va de l’avant, il voyage, il invente, il observe et il adapte, mais à la base il y a toujours le mouvement, perpétuel, qui entraîne aussi le lecteur.

Aussi, les deux auteurs de ce livre s’appliquent-ils à créer un univers graphique à la dimension de cet éternel avancement, un univers qui semble une constante vibration, un ensemble d’ondes qui résonnent, en couleurs et en amplitude. L’usage du nuancier Pantone pour des tonalités fluos, orange, bleues, jaunes, contrastant avec celle du noir, fait palpiter la double page ; le trait, multiple, foisonnant et parfois explosif, entraîne le regard à le suivre, en vision panoramique, et l’esprit découvre, curieux, ébahi, ébloui, « d’ici jusqu’à là-bas » une mine d’informations formulées sur de courtes vignettes, sur l’histoire des chaussures et celle de la roue, les voyages commerciaux et les campagnes militaires, les épopées maritimes et les fuites éperdues, le vertige des sommets et l’abîme des profondeurs, la locomotion motorisée et les migrations animales. De quoi donner le tournis, ou le goût du savoir ! Parfois, le trait raye la page pour la saturer de ce geste continu autour du globe terrestre et dans l’espace, figurant les milliers de trajectoires qui permettent aux deux auteurs d’évoquer les éléments, l’univers, le cosmos, cet ailleurs enivrant qui attire l’homme qui marche, et qui continue son périple, toujours plus loin.

Un ouvrage étonnant, captivant, et novateur, que les jeunes curieux n’ont pas fini d’explorer. Et peut-être que l’envie leur viendra à leur tour d’aller « d’ici jusqu’à là-bas » ?