Henry

Henry, c’est le nom d’un cheval, d’un cheval merveilleux, un cheval qui dans cet album d’Ed Galing et Erin E. Stead, occupe tout l’espace avec ses formes rondes, ses ombres délicates, sa robe blanche épousant le paysage, son regard abandonné, impénétrable. Chaque matin, Henry tire la charrette de Tom Jones, le jeune laitier, éveillé aux premières heures de l’aube. Tom Jones et son cheval apportent aux habitants le lait, le beurre et les œufs. Et chaque matin, le narrateur attend la visite d’Henry et de Tom avec patience et bonheur, et cette fidélité dont se nourrissent les amitiés profondes.

L’album – aujourd'hui publié par les éditions québécoises D'eux – parut à l’origine en 2017 à l’initiative d’Erin E. Stead, illustratrice reconnue auréolée de la prestigieuse Médaille Caldecott, à partir d’un poème intitulé « Tony » de l’auteur américain Ed Galing, décédé en 2013, et dédié à son père. Le texte tout en retenue (traduit ici par Christiane Duchesne) rejoint magnifiquement les dessins d’Erin E. Stead. D’un trait économe, osant à peine effleurer le papier, l’artiste fixe son attention sur Henry, Tom et sa charrette, et se limite à esquisser le monde autour. Ses crayonnés posés avec une infinie douceur, se colorent tour à tour de verts et de jaunes, jaune comme le soleil au petit matin, jaune comme la lumière qui filtre d’une porte entrouverte, jaune comme le halo d’un réverbère, jaune enfin quand le jour resplendissant achève de conquérir la campagne.

L’ouvrage, empreint de poésie mêlée de nostalgie, avance avec la lenteur d’un cheval de trait. Et ses lecteurs – autant les adultes que les enfants – trouveront dans cet objet d’art une forme d’apaisement en même temps qu’une belle leçon d’amour et de simplicité.