La petite poulette verte

En reprenant la formule d’introduction du Petit Chaperon rouge, très légèrement modifiée, et placée sous une dominante verte qui illumine et réchauffe l’illustration jusqu’aux fonds des bois et des rivières, Béatrice Renard situe son récit dans la filiation directe de Perrault. Le Petit Chaperon rouge, c’est Le conte initiatique, modèle du genre. Elle enchaîne aussitôt avec Le Petit Poucet, puis La petite poule rousse : pour un enfant familier de ces récits, le charme opère aussitôt, et le rire le suit de près ! Qu’est-ce que c’est donc que cette histoire qui mélange tout ?!

C’est l’histoire de Fluette, la roussette, qui emporte des galettes dans le bois des hiboux et sent son cœur tout mou ! Et voilà que tout à coup se dresse devant elle une vieille « ratatinée à tête de chouette ». D’effroi, Fluette se transforme en poulette, verte… de peur ! Quelle trouvaille ! Enfin la peur s’exprime ! Enfin elle est montrée ! C’est vrai que le crayonné de la sorcière avec ses doigts pointés comme des serres a tout pour impressionner…

À un rythme trépidant, l’héroïne métamorphosée va affronter d’autres épreuves célèbres issues de contes, sous son apparence de volatile vite effarouché. Un temps de réflexion lui permettra cependant de reprendre ses esprits et sa véritable apparence pour voler, selon le sens de l’illustration d’Anne-Catherine De Boel, et pour reprendre le fil premier de son aventure, au secours de sa mère-grand ! Une initiation à la peur et à la maîtrise de la peur.

Cet album, texte et images, est un vrai festival, y compris pour celles et ceux qui n’ont pas tous les codes, qu’ils découvriront à cette occasion : c’est tout le bien qu’on leur souhaite, et Vive Fluette !