Histoire en morceaux

On lui avait bien dit qu’il ne fallait pas jouer au ballon dans la maison ! Pourtant l’héroïne d’Histoire en morceaux n’a pas pu s’en empêcher. L’ennui et l’envie ont été trop forts. Alors, évidemment, le vase précieux auquel sa Maman tient est en morceaux.

Le récit à la première personne est vivement mené. On vit crescendo avec la fillette la tentation, le remords, l’inquiétude avant le retour de la Maman. Puis c’est l’apaisement, elle n’est pas grondée, et enfin, le nouvel élan donné par l’expérience de la reconstruction. En effet, la Maman ne lui fait pas la leçon, et son attitude compréhensive ouvre une nouvelle phase, celle de la réparation au sens propre, elle doit recoller les morceaux et ce n’est pas facile, comme au sens figuré, soit tirer parti de cette expérience délicate qui permet de mieux regarder le présent et de le vivre intensément.

Ce récit vif est en phase avec une illustration qui mêle « sagesse » et lyrisme. Sagesse et vie tranquille, un peu solitaire, de la petite fille dans un décor élégant et lyrisme du mouvement, du cadre fleuri des vêtements, du vase, des tissus, mouvants comme la vague du chagrin qu’éprouve la petite devant ce qu’elle ressent comme une profanation. Almudena Pano excelle dans ce jeu de rythmes lents ou accélérés et dans sa façon de présenter la difficulté de reconstruire. La perplexité et la nervosité de la fillette se traduisent dans l’espace de la page par des couleurs vives et des formes sens dessus dessous très parlantes. L’explosion finale des couleurs et le parcours vers l’école, la ville sonnent comme une libération.

Conjuguer le passé avec le présent pour fabriquer du futur ; accepter que celui-ci soit composé à partir des débris du passé… c’est une jolie fable et un superbe album.