Poèmes par-dessus les toits

Pierre Soletti est un artiste foisonnant. Auteur de récits, contes, albums, et pièces de théâtre, il est aussi musicien (avec son groupe Facteur zèbre) mais surtout poète. Son plaisir : faire sonner les mots, les remuer dans tous les sens, les agiter pour en sortir le meilleur, l’inattendu, l’émotion. La poésie de Pierre Soletti est une poésie énergique et vivante qu’il fait jaillir à l’occasion de performances ou de ses nombreuses interventions en milieu scolaire.

Après « Notre maison » de l’auteur égyptien Walid Taher, paru en janvier 2020, les éditions Le port a jauni ont proposé à Pierre Soletti d’entrer à son tour dans la maison. Il en est résulté Poèmes par-dessus les toits, un recueil traduit en arabe par Nada Issa, et composé à partir d’une série de gravures et dessins en bichromie réalisés sur le thème de la maison par Gabriella Corcione, architecte et illustratrice d’origine napolitaine.

« En pointillé le vent »… ainsi commence le recueil et déjà, presque tout est dit. Il n’y a rien de sûr à être entouré de quatre murs. Dedans, dehors, par-dessus ou par-dessous les toits, les mots de Pierre Soletti, semés aux quatre vents tourbillonnent dans la page, racontent des histoires de vie et de paysage, portés par l’imaginaire puissant de Gabriella Corcione. Tous les repères sont abolis, c’est le jeu. Entre les lignes, le lecteur doit apprendre à se perdre. Les feuilles ressemblent à des maisons, les palais échafaudés la nuit s’effacent au petit matin et les collines entrent par la fenêtre. Le poète – le temps d’un recueil – fait sauter les toits pour mieux voir la couleur du ciel et les échelles qui peuvent nous y conduire. On ne sort pas indemne de la poésie de Pierre Soletti qui échappe à tous les cadres : l’esprit – bousculé – en revient toujours plus libre, prêt à lâcher prise. Les enfants aiment en écouter la musique, les adultes se laisseront volontiers prendre au piège.