La petite fille qui avait peur de tout

Amélie a peur de tout. C’est clair. Complètement repliée sur elle-même, les bras au-dessus de la tête pour se protéger, surmontée d’un nuage noir brouillonné, écrasée par ses peurs au fil des pages, elle cumule les angoisses. Peur de la balançoire, peur du jardin, peur du chien, « ON NE SAIT JAMAIS CE QUI PEUT ARRIVER » est le leitmotiv d’Amélie. Chez une si petite fille, on est au-delà de la peur. Des nuages noirs qui planent au-dessus d’elle jaillissent les araignées, le chien agressif. Amélie ne trouve de paix ni dedans, ni dehors. Les livres peut-être ?

Solitaire sur son canapé, elle est rejointe par un petit personnage ectoplasmique. Double rêvé ou véritable amie déboussolée, c’est avec elle qu’Amélie va parcourir le chemin qu’elle avait fermé dans la première partie. A deux sur la balançoire, c’est le plaisir qui prend place ; au jardin, les groseilles sont délicieuses et les escargots sympathiques, et le chien si mignon n’attend qu’elles pour être adopté. La fillette se déplie au fil de l’histoire et son acolyte grise illumine les pages finales.

Le déroulé narratif est peut-être un peu simple mais on compatit avec l’enfant dans la première partie puis on se réjouit avec elle dans la seconde. Dans cette répétition se construit petit à petit une leçon de savoir-vivre centrée sur les éléments fondamentaux du bonheur : les liens qu’on entretient avec les autres, avec la nature, parce que si on ne sait jamais ce qui peut arriver, le pire n’est jamais sûr ! Un joli coup de crayon, un dessin vif impulsent un rythme d’une grande efficacité et on ne demande qu’à être conquis par Amélie.