Tous les chiens savent nager (ou presque)

Passer des vacances chez Papi Bouli, Mika adore ça. Vivre à la campagne avec lui, c’est vraiment bien, ni repas contraint, ni refus d’écran partagé. « Chez son grand-père, Mika mène une vie à la cool » parce que non seulement, Papi Bouli est formidable, mais en plus, il a une petite chienne Morille, qui possède un « pelage d’un roux renard et une patte bleue ».

Gauthier David excelle pour installer brièvement la force des liens entre les trois personnages. On éprouve la tendresse qui existe entre Mika et Morille. L’auteur trace aussi à grands traits ce qui fonde l’amour filial entre le grand-père et son petit-fils, des discussions à bâtons rompus, des ballades en toute liberté dans une nature apaisante « un petit coin de paradis » avec un « trou d’eau », idéal pour des ricochets…

Dans cette béatitude, sans que Mika comprenne rien, Papi Bouli décide, d’un coup, de jeter Morille à l’eau : « Tous les chiens savent nager sans jamais avoir appris ».

Cette phrase est comme un pavé dans la conscience de Mika ;  elle casse la confiance qu’il avait, fracture le bonheur de l’enfance.

La construction du récit très efficace enchaîne réaction forte de Mika et reconnaissance par l’adulte de son erreur. La situation finale, très bien trouvée, rétablit l’équilibre rompu. Pour autant, Mika pourra-t-il reconstruire l’image de son grand-père ? Et n’est-ce pas à ce prix que l’on grandit ?

Un roman très sensible, vivement mené. Dans un texte aussi court, chaque personnage évolue, Gauthier David interroge les relations grand-père/petit-fils de façon originale et dense : l’adulte n’a pas le beau rôle et pourtant tous les deux garderont l’affection du lecteur.

Un beau sujet d'émotion et de discussion.