Les Frères Noirs

Sonogno est un village montagneux du Tessin suisse où l’on survit difficilement dans la misère. A treize ans, le père de Giorgio le vend à un homme qui le conduit à pied jusqu’à Milan, en Italie. Comme tant d’autres jeunes garçons, Giorgio devient ramoneur pour le compte d’un maître qui loue ses services. Spazzacamino ! Spazzacamino ! Tout le monde a besoin d’une cheminée propre pour se chauffer et cuisiner.

Noir et sale, sous-alimenté, les poumons attaqués par la suie, Giorgio voit son ami Alfredo mourir sous ses yeux, non sans que ce dernier lui ait confié son secret familial et laissé le lien avec la petite communauté des « Frères noirs » qu’il a fondé. Un médecin originaire du Tessin prend ensuite le garçon sous son aile. L’adulte, consterné mais impuissant, incite les enfants à fuir Milan ; pour Giorgio, c’est l’espoir d’une nouvelle vie. En effet, quelques années plus tard, nous le retrouvons instituteur et époux de la riche sœur d’Alfredo…

Ce roman de 1940, un classique en Suisse, a des allures intemporelles : le trafic d’enfants n’a pas d’âge ni de frontières. Cette édition alterne récit d’un narrateur externe et dessins à la carte à gratter, tantôt sur fond blanc, tantôt sur fond noir. L’image remplace parfois le texte, mais on parlerait difficilement de roman graphique. Quelques raccourcis de l’intrigue peuvent donc surprendre, sans que je n’aie détecté si cela vient de l’écriture de Lisa Tetzner ou du tissage avec l’illustration.

On pourra prolonger cette fiction aux engagements sociaux forts avec une adaptation en film de 2013.