Au milieu

La petite Azma est une nouvelle Alice, dont les lectures passionnées l’entraînent dans un monde imaginaire dès qu’elle s’endort. Ses rêves-cauchemars sont comme ceux d’Alice peuplés d’animaux monstrueux représentés par Eva Sanchez Gomez par l’association hétéroclite de parties de corps qui souvent font l’objet de livres plutôt drôles^[1]. Dans cet album, ils sont menaçants, et fondent sur l’enfant en hurlant toutes dents dehors : une vision d’horreur accentuée par la couleur jaune passé du fond, plutôt sinistre, sur laquelle se détachent les silhouettes minutieusement portraiturées d’une pointe fine.

C’est que le défi d’Azma est de trouver les secrets des histoires, leurs épisodes cachés, inexpliqués, pour dompter les monstres qui en sont les héros. Elle y parviendra en écrivant à son tour, pour combler les vides d’où naissent les peurs. L’écriture est présentée comme La solution, la délivrance, qui permet l’apaisement, un sommeil plus tranquille, si l’on accepte toutefois la compagnie d’un bestiaire modifié et gigantesque…

Le texte de Richa Jha est une nouvelle proposition sur le thème des rêves, des mondes imaginaires, des peurs nocturnes en particulier. Son impact est renforcé par le style de l’illustration très expressive. Une expérience de lecture qui laisse dubitatif.

^[1]Par exemple dans l’album de Bernadette Gervais, On échange !