Au lit Frances

Il est l’heure pour la jeune blairelle Frances d’aller se coucher. Boire un verre de lait, se faire porter jusqu’au lit sur le dos de son papa, vérifier la présence indispensable des peluches préférées, demander de multiples bisous à maman et à papa : les petits rituels s’enchaînent. Une fois sous la couette, Frances trouve difficilement le sommeil, alors elle s’invente une chanson sur l’alphabet. Mais lorsqu’elle arrive à « t comme tigre », un doute l’assaille... Et s’il y avait un tigre dans sa chambre ? Tout devient matière à distraction ! Un habit posé sur sa chaise ressemble à un géant, une fissure au plafond pourrait abriter d’inquiétantes araignées. À chaque découverte, Frances se dépêche d’alerter ses parents, qui lui offrent quelques conseils afin de gérer ses peurs. L’ultime réveil nocturne aura raison de leur patience. Frances devra mettre à profit ses nouvelles connaissances afin de faire taire cet imaginaire qui lui joue décidément de drôles de tours.

Paru en 1960, Au lit Frances ! est le premier tome d’une série riche de plusieurs livres. L’auteur Russell Hoban s’est inspiré de l’observation de ses propres enfants pour créer ce sympathique personnage qui se confronte à divers événements pour en tirer des leçons de sagesse. Des épisodes aux émotions contrastées que l'auteur traduit avec justesse et espièglerie. Les petits lecteurs ne manqueront pas de se reconnaître lorsque Frances court informer ses parents à la moindre frousse ou dans son attente obstinée à côté du père désormais endormi :
« Frances resta debout près du lit du côté de son papa, tout doucement, à un pas de sa tête. Elle était si silencieuse qu’elle était la chose la plus silencieuse de toute la pièce. Elle était si silencieuse que Papa se réveilla d’un coup, les yeux grands ouverts. Il dit : "Hum !" »

Bien que les rôles parentaux s’alignent à la représentation traditionaliste des années 1960 (ce qui pourrait faire l’objet d’une discussion lors de la lecture), l’album dégage néanmoins une sensibilité et une tendresse auxquelles il serait dommage de résister. Le charme rétro des illustrations au crayon gris illuminées par-ci par-là de pointes de couleur, l’expressivité des personnages et la délicatesse du trait de Garth Williams se marient au talent de Russell Hoban à nous conter l’expérience de l’enfance. Un classique qui vaut le détour !