Esquisses pour la terre

Esquisses pour la terre intrigue par son pluriel : de quels préliminaires s’agit-il ? Quelles perspectives se dessinent ? Dans quel but ?

La couverture aquarellée, riche de couleurs pastel installe une atmosphère délicate, des fleurs, des feuilles, un livre ou cahier oublié. « Qu’allons-nous faire pousser ? », interroge une voix à la première page. Ce dialogue initié réveille une interlocutrice :

« tu es sortie
tu as touché la terre
étonnée »

Son regard dévoile pour le lecteur un univers fragmentaire, nature, maison, comme autant de bulles d’émotion où s’impriment dans un jeu d’empreintes positif / négatif des formes de feuilles, alignées : 

« inventaire de la terre
pour ne pas oublier »

Après cette découverte fragmentaire, la narratrice nous entraîne avec son interlocutrice « à grandes enjambées » et la nature prend de l’ampleur, la terre ondule, le ciel s’assombrit, avant le répit apporté par les plantes, les fleurs, qui nous amènent à l’ordre et à la paix du jardin.

Un couple courbé vers le sol, un chien, un enfant joueur... De la « géométrie du jardin [qui] se trace à la main » naît une nature généreuse, nourricière où grandissent dans un même mouvement, un même rythme, une même respiration, les plantes et les gens, feuilles-plumes et graines-mots. Le temps de la journée, des saisons, de la vie se colore de rose, d’ocre et de gris bleu ardoise, alternance des jours et des nuits, désir de temps suspendu, « tu aimerais que ces journées n’en finissent pas ».

Il émane de ce livre une poésie tendre, est-ce à nous que Valérie Linder s’adresse, est-ce nous qu’elle prend par la main ? À qui que soit adressé ce poème, il est « caresse » !