Pizza 4 saisons

Pizza 4 saisons, mitonné à quatre mains par Thomas Vinau et Anne Brouillard, nous entraîne à l’automne dans un monde mystérieux de forêt brumeuse et de personnages mi-humains, mi-animaux, proches les uns des autres et en dialogue avec la nature. Au cœur de la forêt, dans la maison blanche et verte, le « vilain petit bonhomme » trace des dessins qu’observe le renard et qu’interroge un rapace blanc. Est-ce le dessin qui a suscité l’écriture ou le contraire ? On ne sait pas, mais on est bercé par les échos entre écriture et illustration en équilibre.

Chaque saison a son histoire, après celle du « vilain petit bonhomme », l’hiver nous raconte le récit du « miroir brisé », celui du givre et de la glace qui s’installent autour de la maison : tableau pleine page ou vignettes évoquent le frisson, les empreintes, tout un décor d’hiver en gris et blanc avec juste le rouge d’un plastron d’oiseau ou d’un vêtement.

Par petites touches, l’écriture de Thomas Vinau et le travail plastique d’Anne Brouillard dessinent un univers où le lecteur se réfugie dans l’attente du printemps, étonnamment associé à une odeur de pourriture parce que cohabitent « une grosse pelote de nœuds de rayons du soleil » et « du moisi du tonnerre l’haleine chaude des pierres »...

Reste alors l’été. Dans la forêt profonde, le soleil passe à peine et Thomas Vinau saisit quelques tableaux qu’il nous offre : « le ciel est une glace à la menthe qui fond tout doucement », ou encore « [i]l y a des gouttes d’eau qui se mettent à courir sur la pente des peaux ».

Un texte très doux, plein de sensations, loin des images convenues des quatre saisons et pied de nez au titre « Pizza », envoûtant pour des lecteurs, jeunes ou non, sensibles à la poésie des mots et des images.