La souris qui portait sa maison sur son dos

Eh non, ce n’est pas un escargot mais une touchante petite souris nommée Vincent qui porte sa maison sur son dos ! Une maison en apparence bien petite mais, dès lors qu’on ouvre la porte, il y a toujours assez de place pour accueillir de nouveaux invités : une pauvre grenouille épuisée, un chat voyageur, une famille de hérissons et bien d’autres animaux de la forêt... D’ailleurs c’est tout naturel puisque Vincent la souris pose toujours sa maison là où elle sent que l’on a le plus besoin d’elle. Et même l’ours, qui semblait pourtant effrayer les autres convives, finit par en franchir le seuil ! L’histoire se termine le plus simplement du monde : après s’être bien régalés de miel et de lait chaud et avoir passé une bonne nuit réparatrice, les animaux quittent les lieux. À son tour Vincent n’a donc plus qu’à plier bagage – et emporter sa maison – pour aller se rendre utile dans un autre lieu.

Ce sympathique album sur l’art de l’hospitalité est servi par les illustrations pétillantes utilisant les collages d’Isabelle Arsenault, artiste québécoise (sélectionnée à deux reprises pour représenter le Canada au prix Hans Christian Andersen). La maison au mobilier succinct se remplit au fil des pages, s’étire, se métamorphose et la table s’allonge pour accueillir la joyeuse bande des invités. Une fenêtre découpée en forme de maison permet d'annoncer l'arrivée de chacun en matérialisant la limite entre le dehors et le dedans. Tout au long du livre, l’illustratrice joue d’ailleurs sur cette opposition intérieur/extérieur : le paysage au départ printanier devient bientôt sombre et pluvieux tandis que la tempête se lève contrastant ainsi avec la chaleur de la maison et de ce grand repas partagé. Une histoire enjouée et bien rythmée écrite par l'américain Jonathan Stutzman, auteur de Lama détruit le monde (2021, éditions du Père Fouettard) et par ailleurs cinéaste.