La petite fille qui voulait devenir grand-père

Pour la petite Kate, les grands-pères – et le sien tout particulièrement – sont de « bons gros géants ». Ils représentent tout ce qu’elle n’a pas et, en premier lieu, le temps. Ils ne sont pas pressés.

Pourtant subrepticement, Signe Viska rend sensibles des routines agréables ou pesantes, on ne le sait pas : une fois par semaine, ils vont acheter des bonbons et des allumettes et, un jour, le Grand-père de Kate « égraine, lentement, une à une, les heures de l’après-midi ».

Le regard de la fillette sur les hommes âgés qui l’entourent, naïf et tendre, donne du prix à ce qui n’en a pas : elle aime leurs accordéons, leurs promenades au parc et leur familiarité avec les oiseaux. Sa revendication, lorsqu’elle sera grande ? Elle veut devenir « grand-père », les adultes en rient encore... Mais elle n’en démord pas, obstinée, elle va se donner les moyens d’être un grand-père et s’invente une belle coiffure blanche.

Le récit plein d’humour mis en images par Elina Braslina est fait de rondeur, de couleurs chaudes et d’effets de matière, grosses mains rougeaudes, épaisseur des gros pulls. Tout est chaleureux, le dessin danse sur les pages et les expressions des visages, pas toutes très flatteuses vues par les adultes, traduisent une distance ironique entre le trait de l’illustratrice et la parole de l’enfant qui amusera le lecteur quel que soit son âge. Une relation intergénérationnelle très positive et joyeuse.