Le chemin de Sophie

Sous la plume de Sophie Geoffrion, philosophe et fondatrice en 2006 de l’association Philoland tournée vers la promotion de la pratique philosophique, une petite fille, Sophie fait ce que la plupart des enfants ne font plus : s’aventurer seule sur le chemin de la forêt. Mais loin d’éveiller en elle un sentiment de peur, ce cheminement s’apparente plutôt à une plongée mystique au cœur de la nature, ponctuée de questions philosophiques : « que puis-je comprendre à tout cela ? »,  « pourquoi ce qui semble simple ne l’est-il pas ? », « cela a-t-il un sens ? »... Des odeurs de mousse et de fougères, un ciel étoilé, le vent qui s’affole : des forces invisibles imprègnent chacune des pages. Une chouette écarquille ses yeux d’or. Plus loin, des comédiens costumés vibrent au son des tambours et des flûtes. « C’est beau, mais est-ce vrai ? » se demande Sophie, qui épuisée finit par s’endormir. Le retour à la réalité s’accompagnera d’une prise de conscience : le bonheur n’est jamais bien loin, peut-être simplement dans les bras familiers de maman, le rire de papa ou l’odeur du pain grillé et du chocolat chaud.

L’histoire est illustrée au pastel par Sandra Desmazières qui travaille aussi pour l’animation (Cartoon d’or pour le court métrage Sans queue ni tête en 2003). Les verts sombres et mystérieux du début prennent peu à peu les couleurs de la fête, puis au petit matin l’horizon s’éclaircit et laisse place à un large ciel bleu injecté d’or. Restituer toute la part d’étrangeté que recèle le monde non humain et ranimer nos sens engourdis, tel est le vrai sujet de cet album paru aux éditions L’Initiale et qui peut déjà être un bon prétexte pour renvoyer les enfants jouer dehors. À lire donc, assis dans l’herbe ou dans une cabane au fond des bois.