Je suis bleu

Léo observe sa sœur Clémentine qui dessine. Une petite poussée de folie et hop, la main de Clémentine s’égare de la feuille pour décorer Léo. Le duo se lance dans une bagarre de pastels et tous deux se retrouvent couverts de traits de couleur. Le lendemain matin, Léo remarque qu’un orteil de son pied gauche est devenu bleu... du même bleu cobalt utilisé par Clémentine pour le peinturlurer. Le garçon a beau frotter son pied de toutes ses forces, plus les jours passent, plus le bleu s’étend. Lorsque sa mère découvre l’étrange phénomène, elle accompagne son fils chez le docteur. Les divers tests ne dévoilant aucune anomalie, la cause est à chercher ailleurs. Au fil du roman, le lecteur comprend que les disputes du couple parental et l’incertitude qu’elles soulèvent se trouvent à l’origine de la détresse de Léo. Tant que le garçon tait son mal-être, le bleu gagne du terrain. L’amitié qu’il nouera avec la nouvelle élève Estelle puis la simplicité avec laquelle celle-ci évoque le divorce de ses parents aideront Léo à donner de la voix à ses émotions.

Issu de la superbe collection Le grand bain, ce titre sur la thématique du divorce reprend l’expression anglaise « I am blue », associant la couleur bleue à la tristesse. Le bleuissement progressif du jeune héros s’avère une représentation particulièrement efficace pour faire comprendre l’envahissement des préoccupations dans la vie quotidienne. Par exemple, le goût des aliments s’altère chez Léo : toute nourriture évoque désormais la myrtille... même les horribles endives braisées ! Ou alors les couches d’habits que Léo revêt en classe afin de cacher sa peau bleue ; une tactique qui précipite son isolement jusqu’à l'arrivée d’Estelle.

Ponctué d’illustrations délicates, ce roman intelligent met en avant l’importance de la prise de parole qui permet d’alléger un cœur trop bleu... et l’amitié, qui insuffle le courage et la légèreté nécessaires pour aller de l’avant.