Quand j'ai perdu la tête

Dans cette histoire très amusante, un petit garçon perd la tête… mais au sens propre ! Un beau jour, sans qu’il ne sache plus très bien quand ni pourquoi, sa tête s’est envolée, ou plus exactement elle est partie se promener, à l’autre bout du monde. D’une certaine façon, ne plus avoir de tête, cela complique un peu l’existence, car comment faire en pratique pour manger ? Ou se laver les dents ? Mais d’un autre point de vue, c’est aussi un bon moyen d’éviter d’avoir à répondre aux questions fatigantes ! Et qu’en est-il lorsqu’une folle envie de faire un petit bisou à une camarade de jeu vient enflammer le cœur de notre jeune héros ?

Voilà une façon bien sympathique et originale d’évoquer cette période de l’enfance imaginative, souvent distraite et retranchée, à des années lumières des contingences matérielles. En prenant l’expression « perdre la tête » au pied de la lettre, Matilde Tacchini, autrice italienne, surprend les petits lecteurs en flagrant délit de rêvasserie et invite dans le même temps leurs parents à un peu plus d’indulgence pour cesser de s’époumoner en vain. Le texte écrit à la première personne et dans un style très direct s’amuse avec les mots simples d’un petit garçon bien plus intéressé par les mammouths laineux de la préhistoire ou par les hommes verts venus de l’espace que par les réprimandes de la maîtresse ou les injonctions maternelles pour aller ranger ses jouets. Il faudra la rencontre avec la petite fille pour que la réalité brusquement se rappelle à lui et lui fasse retrouver sa tête… comme par magie.

Les illustrations de l’artiste espagnole Mercè Gali, jouent sur le même registre : avec un trait vif, instinctif, des personnages aux contours noirs et aux têtes surdimensionnées, dans un esprit BD, son dessin volontairement simplifié se concentre avant tout sur l'expression. Les 32 pages seront vite lues, mais le ressort comique de ce corps sans tête aux prises avec les tracasseries de la vie quotidienne fonctionne plutôt bien et pour peu qu’on adhère à l’humour, l’album est typiquement de ceux qu’on aura plaisir à lire à deux. Publié en 2023 aux éditions PassePartout, avec une traduction de Florence Camporesi, l’ouvrage était paru en 2020 dans sa version italienne.