Collections

Un très bel imagier dans lequel, du lundi au dimanche, Victoire de Changy imagine sept collections d’enfance qui parlent du temps qui passe, de l’importance de la transmission, du dépassement de ses peurs, de la beauté des pierres et de la douceur des galets dans la paume, comme une caresse secrète.

On y suit le fil des saisons entre feuilles mortes et plage ensoleillée grâce aux illustrations de Fanny Dreyer, entre grandes planches paysagères et accumulations hypnotiques : des pages remplies de glands, marrons et petites hélices du tilleul, des doubles-pages de coquillages dont les formes se détachent sur le fond rouge, de fleurs séchées dans un herbier extraordinaires cueillies par un petit garçon poète. L’illustration représente ici la part du rêve, du non-dit, et l’artiste excelle à le suggérer, dans les formes blanches des fleurs découpées, dans les cadrages partiels de paysages, dans les gestes quotidiens égrenés au bas des pages. Tant de détails à observer pour s’immerger dans le livre.

On glisse d’une collection à l’autre en se passant parfois le témoin, quelques marrons, un gant, un petit cheval de bois… mais surtout une phrase clé, dont le lecteur comprend l’origine dans le dernier chapitre consacré au plasticien Christian Boltanski : la collection des Archives du cœur, constituée d’enregistrements de battements de cœur, compilée dans une petite cabane de bois sur une île de la mer de Seto au Japon.

Conclure l’ouvrage sur cette collection-là met en perspective l’importance de ce geste de conservation de traces dans la construction de soi, ces petits chemins brillants qui nous raccordent à notre enfance, et dont le souvenir fait aussi battre le cœur.