Le sapin de Simon

Cet album commence comme un documentaire : une double page présente les particularités du sapin baumier. Son implantation spécifique à l’est du Canada, ses caractéristiques de taille, son écosystème, son usage et son importance dans la pharmacopée des Premières Nations. Mais ne nous y trompons pas dans ce descriptif de l’arbre chéri, un petit bonhomme est là : Simon, le héros. Il prend alors la parole et raconte son histoire, son amitié profonde pour un arbre particulier, son arbre, le sapin de Simon…

Regard rétrospectif sur l’enfant impatient qu’il était, à travers le prisme de l’arbre Simon passe de l’enfance à l’âge adulte. Ses relations filiales avec son grand-père, symbole des valeurs transmises, son lien fraternel avec son grand-frère, le démontrent.

Le récit par touches délicates évoque le personnage du grand-père, sa maison, son jardin, sa fonction de passeur, sa sagesse « patience et longueur de temps... ». Avec amusement et nostalgie, Simon narre sa rébellion, toute relative : attendre c’est trop long, pousser, trop lent. Il fait la part belle aussi à sa jalousie de petit à l’égard du grand frère. Autour de ce sapin, se déroulent des émotions pas toutes très positives, un sentiment de « faute » que Simon adulte regarde avec une certaine indulgence. La même que celle dont fait preuve le grand-père lorsqu’il est obligé de replanter un deuxième sapin pour Simon.

Dans le dialogue qu’il a avec son aïeul, Simon apprend la valeur du temps « patience... » celle de l’homme et associé, le rythme de la nature « laisse la nature faire son travail ». Cet apprentissage est complété par l’écart entre temps de l’homme, mortel, bref et temps de la nature, lent, profond.

Disparition du grand-père, vente de la maison, sages sapins dans le jardin, épisodes douloureux qui marquent la vie de Simon et de chacun, ponctuent le récit. Paul Martin écrit et illustre une histoire simple et fluide où sous l’adulte qui raconte, vibre encore le petit garçon qu’il était. Une mise en images sobres, un petit personnage rond et coloré, aux lignes nettes comme les décors, construisent un récit efficace dont le jeune lecteur percevra la tranquille mélancolie.