Arrêt de jeu : journal d'un footballeur mal dans ses pompes

Maxime aime le foot un peu, beaucoup, passionnément... Déjà enfant, il se rêve professionnel comme son père. Il est doué et rejoint très vite l’élite junior de sa région. Là, il croise le chemin de coachs bourrus et sadiques qui terrorisent et humilient. Il découvre aussi la masculinité toxique du milieu avec ses effluves nauséabonds d’homophobie, de misogynie et de racisme. Il se tait, serre les dents, s’endurcit et parvient à décrocher un contrat semi-professionnel dans le club de sa ville. Consécration ? Que nenni, car le plaisir semble incompatible avec la compétition. La peur de l’échec prend le pas sur la joie de jouer. Jusqu’à l’ensevelir. Maxime quitte cet enfer et va taper dans un ballon avec une équipe de copains dans l’espoir de retrouver un pan de son paradis perdu. Mais le foot de talus n’échappe pas non plus au culte de la virilité, ni à la violence verbale et physique. Notre « héros » finit par raccrocher ses crampons pour se lancer dans des études en illustration et bande dessinée…

Hautement autobiographique (même si cela n’est pas revendiqué), cette bédé – qui se décline dans un « vert et blanc clinique » comme l’a décrit Chérif Ghemmour, cofondateur du magazine So Foot, dans sa postface – éclaire les zones d’ombre du football. Celles que l’on préférerait ignorer, comme a tenté de le faire Maxime Schertenleib tout au long de sa courte carrière. À l’image de la quasi-totalité des footeux, ce jeune auteur-illustrateur suisse, qui signe ici sa première bande dessinée, n’a pas eu le courage de parler de son malaise, d’exprimer son dégoût. Pas plus dans le vestiaire qu’en dehors. C’est finalement avec sa plume qu’il se libère, qu’il met en mots et en images son « histoire d’amour contrariée avec le ballon rond ». L’essai est plutôt réussi. Et on rêverait qu’il soit lu par les parents de joueurs, les entraîneurs et les enfants qui ambitionnent de devenir les Lamine Yamal, Warren Zaïre-Emery ou Jude Bellingham de demain.