Albert l'artiste

Avec son charmant béret noir et son écharpe verte au vent, on voit tout de suite qu’Albert est un artiste ! Surprise, c’est un chien... L’humour de cet album gentiment décalé naît de la superposition opérée entre être un artiste et être un chien !

Comme un artiste, Albert rompt avec le triste univers vert. A lui le rose de la vie, celui qu’il a aux joues ! Comme un chien, il a un collier et une maîtresse qui l’emmène en balade. Il est un brin poseur, Albert, fier de son « chez moi » et fier de montrer son Art, un peu pontifiant sur son siège, les pattes croisées, pénétré de son importance !

Artiste, vraiment ? De quel type d’art s’agit-il ? Le dessin alerte de Joaquín Camp remplace le texte et le geste supplée la parole. Albert se précipite sur une poubelle qu’il explore, dessus, dessous, dedans, un os, une boîte de conserve, une épluchure de banane, tout lui va, il est heureux au point de rapporter ses trésors chez lui, sur le beau sofa présenté plus tôt. Son bonheur culmine lorsqu’il laisse un bel étron sur la page… La conception qu’Albert a de l’art paraît franchement caricaturale et n’est pas du goût de ses maîtres, horrifiés par les productions d’Albert.

Les couleurs tranchées (le rose et le vert sont vifs) ; les personnages cernés de noir posés au milieu des pages ; le découpage de l’histoire qui donne toute sa place à Albert au détriment des maîtres muets mais très expressifs ; la chute bien trouvée : tout cela compose un récit drôle et séduisant.