Allô Papi ici la Terre

Avant, Youn, huit ans, aimait rire et il faisait rire tout le monde. Et puis son grand-père est mort, et la joie s'est envolée. Youn voudrait comprendre, parler, mais les adultes ne l'entendent pas ainsi. D'abord, il n'est pas autorisé à venir à l'enterrement, et ensuite, il doit reprendre sa vie normale sans interruption. Au fond de son lit, Youn se pose des questions, beaucoup de questions. Il commence à écrire des lettres à son papi où il dit son amour et son chagrin, mais le nœud qui lui serre le ventre ne s'en va pas.

C'est Fatou, son ancienne nounou, qui la première va permettre au petit garçon d'exprimer sa douleur à haute voix. Puis, peu à peu, tout ce que Youn écrivait va apparaître au grand jour : qu'est-ce que la mort ? Pourquoi en a-t-on peur ? Où va-t-on entre une tombe et le ciel ? Ses interrogations sont très concrètes et les adultes vont enfin accepter d'y répondre du mieux possible. Le petit garçon peut commencer un deuil...

Excessivement simple dans son histoire, le roman vaut pour son impressionnante écriture à hauteur d'enfant (et donc logiquement en « je »). Les préoccupations de Youn sont effectivement basiques, pratiques et affectives à la fois, cependant il ne se comporte jamais de façon mièvre. C'est un enfant unique, qui a des amitiés de son âge mais vit aussi beaucoup en lien avec ses proches adultes : père, mère, grand-mère. Malgré la naïveté tendre de ses lettres au grand-père, il a du recul sur ses émotions et comprend qu'il se trouve dans une impasse psychologique. Il la raconte avec ses mots à lui, qui toucheront ensuite très justement les jeunes lecteurs.

De fait, sans renoncer à ses ambitions fictionnelles et littéraires, l'ouvrage est aussi très « utile » à tout enfant confronté à une perte. Il se lit dès 8/9 ans environ, seul ou accompagné. Sans fioritures ni circonvolutions, un roman qui se conseille sans hésiter !