Aux champignons

C’est l’automne. Un grand-père et sa petite fille partent pour une balade en forêt. Ils emportent un grand panier, peut-être ramasseront-ils des champignons pour l’omelette ? 

En coloriste chevronnée, Camille Alessandroni utilise peinture et fusain et procède par touches plus ou moins larges, plus ou moins étirées pour suggérer l’environnement forestier autour de la bâtisse de la vieille ferme. Les silhouettes de Grand-père et fillette échappent à cette influence de l’abstraction, ce qui permet de les suivre activement dans leur promenade, avec leur parka verte ou bleue, et chaussés de bottes de pluie. Autrement, les grands arbres, les feuilles mortes qui s’amoncellent en tapis colorés, les herbes folles dont il ne reste qu’une tige noircie d’humidité, les nuées d’oiseaux qui s’envolent dans la lumière blanche, avec parfois quelque épaisseur laissée par le pinceau, l’ensemble évoque la peinture charnelle et vivante des paysages de Paul Rebeyrolle, avec un effet de captation du regard sur cette accumulation pleine de dynamisme : ils forment la grammaire de Camille Alessandroni, servie par une palette vibrante, à dominante rouge et rousse, où le beige éclaire, et le noir du fusain çà et là souligne les zones d’ombre. 

Cette promenade lumineuse est l’occasion de développer la jolie relation entre le grand-père et sa petite-fille, en qui beaucoup de lecteurs se retrouveront. Il lui fait découvrir la forêt, l’encourage et la met en garde, et l’enfant s’extasie de toute nouveauté, grâce à un texte succinct plein de naturel et de vivacité, un vrai bonheur de lecture. Et comme il n’y a pas que des champignons, au hasard des fourrés se détache parfois la silhouette d’un chevreuil, ou celle, plus cachée d’un bon gros blaireau, gardien des bois. La trouverez-vous ? 

En tout cas, laissez-vous charmer par la manière de cette nouvelle autrice, bienvenue dans le monde d’une littérature qui nous enchante, par l’impression durable que l’image inscrit dans la mémoire enfantine.