Balle perdue

La banlieue parisienne, de nos jours. Vilaine, quinquagénaire aveugle à la suite d’une agression, se lie d’une amitié amoureuse avec un jeune homme qu’elle appelle Pascal, qu’elle imagine étudiant. En réalité, Pascal est Abdel Megdouni, sa famille est éclatée, et il a la haine des riches… Cela en fait-il pour autant le coupable du meurtre dont est victime l’assistante de Vilaine ?
Dans un même quartier, Mouloud Akkouche a voulu se faire croiser trois personnages très différents, à l’histoire troublée et douloureuse : Vilaine, Abdel et son grand frère Mourad. Si Abdel est le narrateur de l’histoire, Mourad en est le héros, voyou repenti qui se sacrifie, et Vilaine en est le contrepoint, « riche » qu’on déteste dans cette banlieue pauvre. Sans s’appesantir, petit à petit, l’auteur reconstitue le passé de chacun, expliquant leur amertume actuelle. Roman à suspense, tendance policier, Balle perdue garde tout du long un ton très noir, (faussement) distancié et objectif. Et c’est bien l’atmosphère qui donne sa particularité (son « karaktère » !) à ce très court roman. La vie en banlieue est finement ressentie, par des détails exprimés le plus souvent dans la colère, par un parler qui nécessite quelques notes de bas de page, par une absence d’ouverture sur le monde extérieur aussi. Le dénouement injuste de l’intrigue convient tout à fait à ce cadre de désenchantement global. Une leçon de vie sombre, « sobre et efficace », comme le dit la quatrième de couverture.