Boum

Celestino Dotti surprend dans une librairie-papeterie romaine une jeune fille en train de voler. Cela l’entraîne vers son passé, et le souvenir d’un été chez sa grand-mère sur l’île de Vulcano, proche de la Sicile. Un jeune homme, porteur d’une valise remplie de petits objets qu’il vendait, est apparu régulièrement dans sa vie tout au long de ces vacances. Il lui a volé la chaîne en or de son grand-père, la lui a rendu, a refusé toute aide matérielle, et a fini par couper un pouce à Celestino, avant d’être emprisonné. Celestino ne l’a jamais revu.

Etrange et fascinant roman que livre ici Malika Ferdjoukh… Tout est affaire de décalages, de surprises, d’événements brusques et/ou inattendus, de non-dits, de « boum » en quelque sorte ! Dans une mise en abyme, le narrateur adulte livre ses souvenirs les plus intimes à un tiers quasi inconnu. Il y a pour commencer un monde entre l’intensité dramatique de l’été à Vulcano et les préoccupations alimentaires du libraire ! La vieille chatte de la maison est retrouvée noyée dans la piscine alors que Celestino la cajolait la veille – boum ! -, le garçon pauvre attaque notre héros sur le cratère peu après l’avoir remercié d’avoir ramassé sa valise – boum !-, etc… Dans un environnement aride et instable – le Vulcano est un volcan (qui fait des « boum » !) encore en activité -, le lecteur ne sait pas ce qui l’attend à la page suivante, et perplexité engendre curiosité… Boum est captivant. Qu’en dégager ? Le jeune garçon a la valise était un clandestin, pauvre, souffrant de ne pas parler la langue du pays où il avait atterri. Pas vraiment malhonnête, il n’a pas pu voler le bijou de Celestino, mais lui a montré, très violemment, sa colère. L’impossibilité de communication amène la violence, et peu de gens sont à même de le comprendre. Celestino a perdu un doigt, mais a gagné des années de maturité en quelques semaines.