Cavale

Sam et Riddle ont été enlevés il y a dix ans par leur père, dangereux illuminé qui les promène depuis sur les routes, de larcin en arnaque. Sam a maintenant presque dix-huit ans, mais ne pense même pas à fuir, préoccupé par sa survie et celle du jeune Riddle, asthmatique. Jusqu’au jour où il rencontre Emily, fille choyée d’une famille unie. C’est le coup de foudre. Les parents d’Emily s’entichent également des deux frères, sont prêts à tout pour les sauver. Mais le père de Sam et Riddle se rend compte qu’on lui cache quelque chose, et c’est de nouveau la cavale.
C’est le premier roman de Holly Goldberg Sloan, par ailleurs scénariste de films. De là vient certainement son sens de la construction, du suspense et du caractère logique de l’intrigue. Y prend aussi sans doute source son habileté à jouer avec les émotions, à créer des situations et des personnages qui interpellent le lecteur. Mais ces qualités qu’on pourrait qualifier de « grand public » n’empêchent pas du tout une écriture travaillée et une réflexion intéressante derrière la fiction. Jusqu’où se tient l’autorité parentale ? Dans quelle mesure un tiers peut-il s’y ingérer ? Qu’est-ce qui est normal ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Plongé dans un milieu, on finit par ne plus en voir les frontières, et c’est ce que nous donne à voir le narrateur externe à travers Sam aussi bien qu’Emily. Basiquement, l’auteur garde aux adultes une place bienveillante, de responsabilité (le père excepté, évidemment), et les courageux parents d’Emily auront un rôle décisif, aussi important que l’amour que se portent les deux héros. Personnage secondaire, Riddle assure lui le côté « vulnérable » du roman, tandis que Bobby, amoureux éconduit d’Emily, apporte la dose d’humour à ce mélodrame. Mais ce n’est pas tout : il y a du danger au cœur de la nature, des scènes de survie assez violentes, un miracle (numismatique)... Bref, Cavale est une histoire complète, aussi bien réussie pour un livre solide que pour un film haletant.