Ce qu'ils savent

Nikki, étudiante, a disparu du campus ; l’inspecteur Gates mène l’enquête et craint le pire. Le jeune Murray a lui des dons de medium : il peut entendre les morts, ce qui ne laisse pas d’intriguer Pearl, la fille du gardien du cimetière. Murray entend justement une femme qui appelle à l’aide, tout près de la tombe d’un homme enterré le jour de la disparition de Nikki…
A la frontière du fantastique et du policier, ce roman envoûtant se dévore. Livre choral de petits chapitres, il fait sauter le narrateur externe d’un des nombreux personnages à l’autre, entretenant un savant suspens. Les histoires avancent donc lentement et en parallèle, le lecteur est lancé sur de fausses pistes, échafaude des scénarios, jusqu’à une fin inattendue, époustouflante. Si l’histoire est captivante, l’atmosphère vaut autant : une petite ville de province américaine, peuplée d’habitants aux vies blessées, hommes divorcés, alcooliques, enfants délaissés… Les secrets de familles se savent sans jamais être clairement énoncés et chacun, inspecteur compris, compose avec son passé. Le monde de Charlie Price n’est pas tendre, ni pour les vivants ni pour les morts que Murray écoute. La magnifique traduction de Pierre Charras n’est pas pour rien dans la réussite de cette écriture faussement descriptive, profondément sensible et triste dans les faits. On pense un peu à Russel Banks, Richard Russo… Ce qu’ils savent s’apprécie à sa juste mesure à partir de 15 ans, sans limite d’âge.