Célestin Radkler, le sortilège maléfique

Célestin Radkler, jeune prodige de l’illusionnisme, se remet d’une blessure contractée lors d’une compétition de magiciens. Il est désormais prêt à remonter sur scène. Mais Jan Hanussen, son grand ennemi, a besoin d’argent pour rembourser un certain Adolphe Hitler. Aidé de l’envoûteur africain Ziam, le mage noir compte bien que Célestin lui fournisse la somme nécessaire. Qui sera le gagnant de cet affrontement mortel ?
Dans l’Europe des années 1920, le monde de la magie et du spectacle vivant atteignait son apogée sur les scènes de théâtre. Jean-Luc Luciani évoque à plaisir les Houdini, frères Isola et consorts – il pousse le détail jusqu’à mettre en scène l’exact propriétaire du Musée Grévin - : le côté un peu désuet, décalé qui se dégage de ces pages accentue alors l’impression de magie. Les tours sont impressionnants, et leurs explications (parfois données) tout autant. L’illusionnisme ou la divination, c’est d’ailleurs dangereux, et il y aura des morts dans l’histoire. Comme dans le premier tome, Célestin est entouré d’un petit groupe d’amis aux « types » bien identifiés : le géant, le nain, la jolie lanceuse de couteaux, le producteur, la journaliste mondaine… L’utilisation d’un narrateur externe et l’alternance des points de vue (les gentils / les méchants) empêche le développement de la psychologie, et tout reste dans l’action : on n’est pas loin des romans-feuilletons de l’époque. Des rebondissements autour d’une intrigue resserrée, des ellipses situées aux moments-clés savent faire monter le suspense. L’évocation d’Hitler et la peur d’une nouvelle guerre qui couve apportent une densité historique tout à fait intéressante. Cependant, on tourne toujours autour de la même problématique (Célestin doit se défendre contre la magie noire, en la personne de Jan Hanussen) et on attend avec un peu d’appréhension le troisième tome.