C’est bon, c’est beau !

Quelle bonne idée de parler de nourriture dans une série consacrée à l’art. A lire cet ouvrage, on comprend en effet qu’il existe bien un art du goût, car comme nous l’explique avec passion Gilles Stassart, journaliste gastronomique, quand nous mangeons un plat, nous mangeons aussi ce qu’il représente, le goût des aliments est lié à notre culture, mais aussi à notre histoire personnelle, à nos souvenirs d’enfance, en somme, l’image joue un rôle très important dans notre rapport à la nourriture, parce que quand c’est bon, c’est aussi beau ! De même que chaque époque a produit un art qui lui était propre, le goût varie selon les civilisations, et l’acte de manger a toujours été lié à un ensemble de rituels, par exemple le cannibalisme, qui représente pour nous une pratique interdite, était pour certaines tribus une façon de s’approprier les qualités de la personne qu’on mangeait. En marge de ces réflexions philosophiques, le texte fourmille d’anecdotes très instructives, on apprend ainsi que la grillade a peut-être été inventée par hasard il y a 800 000 ans à cause d’un renne qui avait péri dans un incendie, que Vatel, le cuisinier de Louis XIV, s’est donné la mort parce que les huîtres qu’il avait commandées n’étaient pas arrivées à temps pour un grand repas donné en l’honneur du Roi… En outre, l’auteur ouvre la réflexion sur la place des aliments et du goût dans notre société de consommation, et sur l’évolution de l’industrie agroalimentaire jusqu’à nos jours. La bibliographie en fin de volume est très utile pour les enseignants et les autres, quant aux illustrations, c’est l’une des grandes qualités de cette série, elles sont surprenantes et savoureuses. Un régal !