C’est pas sorcier d’être un dauphin
L'avis de Ricochet
Le résumé
C’est pas sorcier d’être un dauphin est un titre de la collection « C’est pas sorcier d’être… », publié aux éditions Nathan. Ce roman d’aventures de soixante-quatre pages en format poche, classé parmi les livres-jeux documentaires, invite à « se glisser dans la peau » d’un jeune dauphin.
La couverture
Sur la couverture pelliculée, une large illustration en couleurs représente un dauphin évoluant parmi les siens dans un milieu aquatique. Le titre, un peu en retrait par rapport à l’illustration, occupe une place originale. Il s’étire verticalement sur un fond contrastant avec le fond bleu de l’océan.
Chaque mot du titre semble mis en avant par l’utilisation de polices d’écriture différentes. Toutefois, il faut remarquer que la police utilisée pour est identique à celle adoptée par l’émission télévisée. Les animateurs de l’émission, Fred et Jamy, sont aussi représentés en images 3D sur cette couverture.
Pour rappeler l’accord commercial entre la maison d’édition Nathan et la chaîne France 3, leurs logos sont présents côte-à-côte.
Au bas de l’illustration, une invitation à la lecture est suggérée au jeune lecteur par le biais d’une petite main ouvrant le livre. Une phrase : « Glisse-toi dans la peau du héros » rappelle le concept ludique du livre.
Au verso de la couverture, un petit résumé explique au lecteur comment appréhender ce livre-jeu. Fred et Jamy, toujours en images 3D s’adresse directement au lecteur, le rassurant et l’accompagnant dans ses aventures.
Quelques ouvrages publiés dans la même collection sont aussi proposés. Un nouveau logo, celui de la RIFF international production, chargée de la gestion des licences d’exploitation « C’est pas sorcier », vient s’ajouter aux deux autres logos déjà présents sur le verso de la couverture.
Un concept éditorial original
Les livres-jeux documentaires de la collection « C’est pas sorcier d’être… », reprennent les caractères éducatifs et ludiques de l’émission de France 3, « C’est pas sorcier », présentée par Fred et Jamy. Ce concept original, destiné aux 8-12 ans, repose sur le principe « des livres dont vous êtes le héros ».
Dans l’ouvrage C’est pas sorcier d’être un dauphin, le lecteur investit une réalité virtuelle, celle d’un dauphin et il devient le héros d’une série d’aventures à rebondissements. Vingt itinéraires sont proposés. À chaque nouvelle étape, le héros doit prendre de bonnes décisions pour aller au bout de sa quête, tandis qu’un bref exposé de la situation est réalisé par Fred et Jamy et accompagne le lecteur dans ses choix en apportant de précieuses informations sur la manière de vivre du dauphin, ses techniques de chasse et de nage, ses prédateurs.
Ce parcours initiatique, convient plutôt à un lecteur confirmé, car la fiction ne se lit pas de façon linéaire, « page après page ». L’issue de chaque itinéraire dépend donc du parcours emprunté par le joueur. Il lui est proposé quatre issues heureuses et quatre issues malheureuses.
Les personnages
Le roman évolue au cœur d’un univers aquatique que le lecteur découvre par le biais du narrateur omniscient. La plupart des personnages rencontrés dans cette fiction sont des animaux (dauphins, requins, orques, par exemple) qui sont représentatifs de leur espèce. Ainsi, ils ne sont pas ambivalents comme dans la réalité. Ce contraste des personnages permet au lecteur d’appréhender plus facilement les différentes espèces animales.
Notre dauphin est aussi confronté aux hommes qui contrairement aux animaux présentent une identité plus marquée. Certains sont de véritables adjuvants, tel le vieil homme représentant « Les amis des dauphins libres » (épisode 20). D’autres, s’opposent au héros ou le considère comme un « animal de cirque ». La fiction insiste peu sur les caractéristiques physiques des personnages (au profit des illustrations), mais s’attache à exprimer leur sensibilité.
L’observation du monde vivant, un objectif des programmes scolaires
Cette fiction est destinée aux élèves des classes du CM1 à la 5ème et est en adéquation avec les objectifs des programmes scolaires. Ainsi, ce livre-documentaire, avec ses topos, ses choix à faire et son glossaire, distille des informations scientifiques qui permettent l’acquisition des objectifs en sciences suivants :
la construction d’une représentation rationnelle du dauphin,
le développement de l’esprit critique,
la maîtrise du langage scientifique.
La relation image / texte est donc importante dans C’est pas sorcier d’être un dauphin. En effet, ce genre implique une certaine hétérogénéité due à la diversité des textes et des images.
La relation image / texte
C’est pas sorcier d’être un dauphin offre des images de qualité en corrélation avec le texte. On distingue trois types d’images qui jouent un rôle particulier :
L’image qui illustre la fiction, affiche une forme rectangulaire horizontale rappelant l’horizontalité de l’eau. Une relation de complémentarité s’instaure entre l’image et le texte. Six superbes illustrations panoramiques sur double-pages illustrent le texte.
Les topos scientifiques, toujours sur la page de droite, mettent en évidence sur toute une page des dessins, d’une plus grande précision que les images illustrant le texte.
Les images en 3D représentant Fred et Jamy, met en scène leurs échanges très vivants par le biais de bulles empruntées à la bande dessinée. Ces échanges rythment l’ouvrage en offrant des temps de respiration entre les épisodes et les topos. Toutefois, derrière l’image médiatique des animateurs télé se cache une stratégie marketing, celle des licences.
Le texte répond aux exigences de la littérature, de la science et du jeu. Les textes des topos scientifiques et des glossaires non seulement renforcent la lisibilité de l’ouvrage en apportant un éclairage scientifique, mais engendrent la réflexion et le jeu.
Le roman d’aventures à visée documentaire est un nouveau créneau qui doit encore trouver sa place dans l’édition jeunesse. Parmi toutes les espèces animales, c’est le dauphin qui ressemble le plus à la nature humaine. L’originalité de cet ouvrage réside dans le fait que des thèmes traditionnels comme l’amitié, la rivalité, les rapports entre les hommes et les animaux soient associés aux thématiques d’actualité telles que la pollution, l’écologie, la protection des animaux, qui correspondent mieux aux interrogations des enfants d’aujourd’hui.
Le marché de l’édition est inondé par une importante quantité de livres documentaires pour les enfants traitant des dauphins. En acceptant de publier les livres-jeux documentaires, Nathan se démarque de ses concurrents. Il participe à la mise en livre de produits audiovisuels très appréciés. Ainsi, la maison d’édition s’appuie sur la notoriété de l’émission de France 3 pour légitimer les informations se trouvant dans l’ouvrage. C’est pas sorcier d’être un dauphin présente des atouts de vente non négligeables. Ce titre fait partie d’une collection dont le maître-mot est de s’amuser en apprenant. Ainsi, il dédramatise l’aspect scientifique qui peut décourager l’enfant. De plus, dans ce roman d’aventures, l’enfant est l’acteur du succès ou de l’échec de sa quête, contrairement aux autres romans d’aventures.
Voici un roman d’aventures qui allie à la fois le ludique et les connaissances scientifiques. Le prix peu élevé (6,50 euros) peut attirer. Je pense qu’il est intéressant pour l’épanouissement intellectuel de l’enfant d’être l’acteur de l’action, même si une difficulté majeure peut gêner un lecteur peu expérimenté au cours de sa lecture. L’enchaînement des épisodes non linéaire peut compliquer la lecture. De plus, il semble plus aisé pour un garçon de se glisser dans la peau d’un dauphin.
À consulter :
Les sites
http://www.nathan.fr/cestpassorcier/
http://www.benoaperou.canalblog.com/
http://www.prix-chronos.org/auteurs/perroud.htm